Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) II - Les Amours d'Hippolyte.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
  AMOURS  


Celle qui s'y veut hazarder
Se trouve à la fin asservie,
Au lieu qu'elle doit commander.

Chacun d'eux de soy tant presump
Qu'il pense estre aimé par devoir;
Ils brûlent comme on les allume,
I.,'oeil d'autru)' les fait esmouvoir;
Et, dès que leur aroe est esprise,
Fureur guide leur entreprise,
Tout conseil arriere est laissé,
Puis ne ront cas apres la prise
Du bien qu'ils ont tant pourchassé.

Suivez le conseil des deesses,
Qui n'ont aimé si hautement,
Et, puis que vous estes maistresses,
Retenez le commlllldement;
Fuyez aussi toute accointance
De ces muguets pleins d'apparanoe,
Qui se paissent de vanité,
Et qui fondent leur recompanse
Plus au bruit qu'en la verHé.

Si quelque heur en amonr se treuve,
Il vient d'avoir bien sçen choisir,
Et sur une constante preuve
Avoir arrestê son desir;
Cetuy qui garde en sa pensée
Une amour de loin commençêe,
Tousjours sagement fp.tenu,
Et qui ne ra jamais laissée,
l\Jerite estre bien reconnu.