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  LIVRE II. 50



SONGE.


Celle que j'aime tant, iasse d'estre cruelle,
Est venuë en songeant la nuict me consoler:
Ses yeux -estoient rians, doux estoit son parler,
Et mille et mille amours voloient à l'entour d'elle.

Pressé de ma douleur, j'ay pris la hardiesse
De me plaindre à hauls cris de son coeur endurc)',
Et d'un oeil larmoyant luy demander Mercy,
Et que mort ou pitié mist fin à ma triste•.

Ouvrant ce beau coral qui les baisers attire,
)le dist ce doux propos: Cesse de s01:lpirer,
Et de tes yeux meurtris tant de larmes tirer,
Celle qui t'a blessé peut gnarir ton martire.

odouce illusion! ô plaisante merveille!
liais combien peu durable est l'heur d'un nmouhmx.
Voulant baiser ses yeux, helas ! moy, malheureux!
fleu à peu doucement je sens que je rn)éveille.

Encor long-tans depuis, d'une ruse agreable,
Je tins les yeux fennez et feignois sommeiller:
liais, le son'gepassë, je trouve au réveiller
Que ma joye étoit fausse et mon mal veritable.


RYMES TIERCES.


Pleurs et soupirs, je vous ouvre la portf',
Allez trouver Ja beauté que j'admIre.
Plaignez sa peine et ma douleur tr~p forte;

Faites luy voir ce que je n'ose dire:
Puis que le ciel envieux et contraire
Ne me permet ce que plus je desire.