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Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/47

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  LIVRE I. 15



LII.


Quand la fiere beauté qu'uniquement j'admil't
Faisoit luire à Paris les 501eils de ses yeux,
On ne voyoit par tout qu'un printans gracieux,
Et tousjours mollement soupiroit un zépbyre.

liais, depuis que son oeil autre part alla luirts,
La France n'a rien veu qu'un hyver soucieux,
Tout noircy de broùillards, obscur et pluvipux,
Et les fiers aquilons furieusement bruire.

Or' les 100nts où elle est, qui souloient par avant
Et, l'esté plus ardant, estre battus du vant,
De CriInas, de gelée et de glace eternellc,

~ont, au mois de jilnvier doucement évantez;
I~es eaux parlent d'amour, et, de tous les coste1.,
011 ne voit rien que fleurs et ,·erdure nouvelle.


LIII.


Je recherche à toute heure, avec la SOl1venanre.
Ceste unique bpouté, qui l'f'sprit m'a ravy,
Et qui fait que loin d'elle aussi triste je '"!,
Comme j'eus de lieSlS(~ en sa doucp. prf'SanCf'.

Pour tenir ,'erde en moy la p~ine et r~Sp('l'élnc(',
Et faire que mon coeur soit plus fort asservi,
Amour, qui n'est jalnais de mes pleul's assou,oj,

Par mille inventions refraichit ceste absence.
Ames yeux languissans il fait ,'oir tout eXlJl'ës
Les vulgaires beautez et les foibles attraits

De celles que nostre âge entre toutes revere~
Lors je cognoy ma perte en yoyant leurs déllmls,
Et combien de "os 1'cnx les l'a)'On8 sont pins ch:nuJs,
Car rien qui ne soit "ous à mon coeur ne peut }llai.'e.