Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/72

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  DIANE,  


~'il ne plaint la rigueur de ton poignant souci.

Tout rit par oü tu passe, et ta'veuë 8lnoureuse,
Qui brdle doucement, rend toute chose heureuse;
La grace, quand tu marche, est tousjours au devant;
I.a volupté mignarde en chantant t'environne,
Et le soing devorant qui les hommes talonne,
Quand il te sent venir, s'enfuit comme le vent.

Par toy, le laboureur, en sa loge champestre,
Par tOJ, le pastoureau, menant ses brebis paistre,
Se plaist en sa fortune et benit ton pouvoir,
Et. d'une vHaneHe, en chantant, il essaye
D'amollir Galatée et de guarir sa plaie,
Moderant la chaleur qui le fait esmouvoir.

Les rOJs, par ta pointure, animez d'allegresse,
Donnent quelquefois tresve au soucy qui les presse;
Des graves magistrats les chagrins tu desfaits;
Tu te prens, courageux, aux plus rudes gendarmes,
Et souvent, au milieu des combats et des armes, .
Tu chasses la querelle et nous donnes la paix.

Bien que tu sois premier de la bande celeste
En âge et en pouvoir, tu 8S pourtant le geste
D'un enfant delicat, gracieux et seant;
Tu es plaisant et beau, tu as le corps agile,
Pront, allaigre et dispos, à se courber facile,
Subtil, gaillard, volage, et tousjours remuant.

Tu delectes les bons, tu contentes les sages,
Tu bannis les frayeurs des plus làches 'courages,
Rendant l'homme craintif hautain et genereux;
Tu es le vif surgeon de toute cOllrtoisit~,
Et, sans toy, ne peut rien la douce poësie,