LIVRE I. | 30 |
Raison, disoit .lmour, enlen l'autre partie,
Et ne conclus devant qu'estre bien adverlie :
Il faut balancer tout pour juger droitement.
Doncques sans.l'émouvoir par des plaintes si ,·aines,
Escoute entierement l'histoire de ses paines,
Et voy que cet ingrat m'accuse injustement.
Ingrat est-il vraylÎlent et sans reconnoissance,
De me rendre à present si pauvre reeompense
Pour cent mille bien-faits qu'il a reçeus de IDOY ;
J'ay purgé son esprit par ma divine flame,
Venlevant jusqu'au ciel et remplissant son ame
D'amour, de beaux desirs, de constance et de foy.
J'ay forcé son desir trop jeune et "olontairf',
Qui suit le plus souvent ce qui luy est contr:ii..e,
El contre son vouloir je l'ay favOI'isé;
D'lm de mes plus beaux traits j'ay son ame E'ntamée,
J'ay fait Juire en cent lieux sa "ive renommi.ae,
Et des meilleurs esprits je l'ay rendu prisé.
Je l'ay fait ennemy du lmnulte des viIJe~,
J'ay repurgé son coeur d'affections serviles,
f,ompagnon de ces dieux qui sont panny les bois;
J'ay chassé loin de )uy l'ardante convoiliS(',
L'orgueil, l'ambition, l'envie et la feinti~,
Cruels bourreaux de ceux qui font )a COUI' aux Rois.
J'a! rait par S(I5 ~ls admirPr sa jeunesse,
J'ay revpillé §fiS sens PDgourrlis de paresse,
Hautain et gpnereux je l'ay fait df'vf'oir;
Je far separé loing des sentif'rs do ,·ulgaire
Et luy ay enseigné ee qu·il hl~" faJloit faire
POlir au mont de vprin seurPmf'nt parvenir.