Page:Desprez - L’Évolution naturaliste, 1884.djvu/306

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la poésie, ces papillons que M. Sully Prudhomme se plaît à étendre,


Une épingle au cœur, deux à deux,


perdent leur moire. Sous le vêtement insuffisant apparaît la pensée forte, mais un peu âpre. Ce défaut, de plus en plus sensible, explique le peu d’enthousiasme du public pour les derniers poèmes de M. Sully Prudhomme. L’auteur des Vaines tendresses se console : il sait les délicats seuls capables d’apprécier ses délicatesses de pensée et les penseurs seuls aptes à le pénétrer. Toutefois il continue à croire la forme poétique hospitalière aussi bien à toutes les idées qu’à toutes les sensations. Il est étroit, le cercle des « amis inconnus, » du poète de ceux


… Dont les cœurs au sien sont librement venus.


Mais la sympathie des esprits d’élite et des cœurs vibrants console des popularités absentes. Le meilleur titre de M. Sully Prudhomme près de ces juges, plus" sévères que l’Académie, me paraît être ses essais de poésie scientifique. En ce genre, lisez le poème sur la catastrophe du Zénith. L’auteur accompagne les explorateurs aériens et mesure L’audace du voyage au déclin du mercure. </poem>

Un peu plus de hardiesse, l’emploi des termes précis, au lieu de périphrases qui trop souvent obscurcissent la phrase et embarrassent la lecture, auraient donné à cette œuvre estimable plus d’originalité et plus d’attrait.

Déjà M. Sully Prudhomme n’avait trouvé pour définir la locomotive que cette périphrase énigmatique :