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Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/180

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cabotins dans leurs manières et leurs plaisanteries ; des acteurs importés, toute une population aux mœurs inquiétantes. Il voit quelques uns de ces revenus de Paris qui n’ont remporté de là-bas que de nouvelles prétentions, des tics de langage, et des diplômes véreux. Un pianiste amorce la clientèle en s’intitulant l’élève d’un maître célèbre, lorsqu’il en a pris deux ou trois leçons tout au plus. Un médecin est « des hôpitaux de Paris, » qui n’a rendu que sept ou huit visites à un hôpital au cours d’un passage court et tourmenté. Un professeur s’enorgueillit d’un parchemin de la Sorbonne obtenu à des cours de français donnés à des Russes, des Anglais, des Roumains. C’est une falsification ridicule qui déprécie la bonne marchandise, entreprise pour s’attirer des chalands ou la considération, par de petits rastaquouères qui font profession de libre-pensée, ou s’émancipent avec tapage. Des jeunes filles même suivent de tels exemples. L’une d’elles, échappée à la tutelle de parents aussi imbéciles que bons, singe des mœurs d’artiste et s’écrie à tout propos : « Il faut avoir du tempérament, il faut avoir du tempérament. »

Leur suffisance met Gaston mal à l’aise. Son âme sincère, vibrante et vraie reste irré-