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lustres missionnaires », et « on fit une revue très exacte de ces œuvres ».

Sagard parle longuement de cet important sujet. C’est avec amour qu’il étudie les dialectes indiens ; de longue main, il se prépare à son œuvre apostolique. « Dès la France, dit-il, j’avais une grande inclination pour les langues sauvages… et j’avais déjà assemblé une quantité de mots, mais pour ne les savoir prononcer à la cadence du pays, à la première rencontre que je fis des Montagnais, pensant baragouiner, je demeurai muet, et eux avec moi. Marri que j’eus perdu et ma peine et mon soin, avec toutes les études que j’avais faites sans autre maître que le petit Pastedechouan, je m’adressai au truchement Marsolet pour en avoir quelque instruction, mais il me dit franchement… qu’il ne le pouvait nullement, que je m’adressasse à un autre ; je lui en demandai la raison et il me dit qu’il n’en avait point d’autre que le serment qu’il avait fait de n’enseigner rien de la langue à qui que ce fut. Me voilà donc éconduit. » Naturellement, Sagard ne croit pas un mot de l’histoire du serment : « Et crois, dit-il, que tout son plus grand serment était de se rendre nécessaire, et de ne laisser empiéter personne sur son Office ». Vers 1633, la même réponse à une demande semblable soulèvera pareille incrédulité chez le père Paul Le Jeune.

Sagard continue de la façon suivante le récit de ses expériences : « Ce que j’en ai su davantage, dit-il, je l’ai appris de nos Religieux de Québec, des Montagnais et d’un petit dictionnaire, composé et écrit de la propre main de Pierre Anthoine, notre Canadien ». « Notre Canadien » c’est le même Pastedechouan nommé plus haut, un Montagnais que des Récollets ont envoyé en France pour recevoir l’instruction religieuse ; à son retour, il « fut renvoyé par nos Religieux de Québec entre ses parents, pour reprendre les idées de sa langue qu’il avait comme oubliées en France ».