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neiges les chasse de la forêt ; elles s’installent à proximité du fort où elles passent l’été ; l’automne, elles s’éloignent, mais pour revenir à maintes reprises quand la famine les presse. De plus, au cours de l’automne, tous les sauvages qui vivent entre Tadoussac et Trois-Rivières viennent pêcher l’anguille dans la rivière Saint-Charles ou les anses du fleuve. C’est assez pour assurer à la factorerie un chiffre important de transactions. Trois ou quatre fois en vingt-cinq ans, la grande traite aura lieu à Québec, aussi. C’est tout. En partant de Tadoussac, la grosse foire annuelle remonte d’un seul coup au cap de Victoire, c’est-à-dire à l’embouchure du Richelieu, puis au Sault-Saint-Louis, puis aux Trois-Rivières. Québec conservera cependant le dépôt général des marchandises et des pelleteries, puis le personnel de la traite : commis et interprètes.

Durant cette même année 1608, la traite occasionne encore à Champlain de graves préoccupations. Tout d’abord, la conspiration de Duval plonge ses racines dans le commerce des fourrures : les coupables ne veulent-ils pas livrer aux Basques et aux Espagnols le fort en construction ? En second lieu, Champlain s’occupe de l’organisation de la traite de 1609 et des traites à venir. Aux Indiens du Saint-Laurent et de l’Outaouais, il promet de nouveau l’assistance militaire de la France contre les Iroquois s’ils apportent annuellement leurs fourrures aux Français. C’est la continuation et l’application du traité verbal d’assistance de l’année 1603. Cet événement se produit au cours de la visite du fils d’Yroquet, un puissant chef indien ; Champlain lui déclare simplement que « le Pont et moi désirions les assister contre leurs ennemis ».

Fidèle à sa parole, il part de Québec le 18 juin 1609 pour aller au-devant de ses alliés ; il les rencontre à l’île Saint-Eloi, en face de Batiscan. La troupe comprend de deux à trois cents Indiens, « nations de sauvages appelés Ochateguins (Hurons) et Algoumequins, qui venaient à Québec pour nous assister aux