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traites et poste de traites

« m’honorera de sa lieutenance pour ce voyage », dit le fondateur ; il est choisi « pour hiverner audit pays ». Mais cette nomination n’est ni stable, ni permanente, ni bien définie. À l’automne 1609, par exemple, Champlain écrit les phrases suivantes : « Le sieur de Monts ne m’avait dit encore sa volonté pour mon particulier, jusques à ce que je lui eus dit qu’on m’avait rapporté qu’il ne désirait que j’hivernasse en Canada, ce qui n’était pas, car il remit le tout à ma volonté. Je m’équipai des choses propres et nécessaires pour hiverner à notre habitation de Québec ». En un mot, le sieur de Monts s’occupe activement lui-même de son entreprise canadienne ; il laisse une grande latitude à son lieutenant dans la Nouvelle-France, mais enfin il remplit son poste de chef parce qu’il connaît bien le pays.

Ainsi, à une date que l’on doit placer vers le milieu de l’année 1612, le seigneur de Monts confie à Champlain, en France, que des affaires de conséquence réclament son temps et ses soins ; il quitte Paris en léguant la Nouvelle-France à son collègue ; il prend sa retraite ; il s’efface. Désormais ses interventions seront fragmentaires et rares ; elles ne ressembleront en rien à une direction suivie. Il passe la main à Champlain. C’est ce dernier qui s’avance alors sur le devant de la scène, et l’occupe désormais tout entière. Il assume le vrai premier grand rôle tant en France qu’au Canada, et ce dernier pays devient entre ses mains comme la glaise entre les mains du sculpteur.

Immédiatement après avoir assumé cette tâche, Champlain reçoit Nicolas Du Vignau et d’autres commis ou employés qui reviennent de l’Habitation. Ils lui racontent tous les événements de la traite de 1612 : désappointement des Indiens rassemblés pour une expédition de guerre, tactiques des marchands, ruine de tout un commerce fructueux.

En qualité d’organisateur suprême, Champlain se met au travail. Il rédige des mémoires pour le président Jeannin, personnage sur qui il fonde des espérances, et celui-ci les lit et promet de les soumettre au