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traites et poste de traites

Tout d’abord, l’espérance est vaine. Après avoir attendu quelques jours, Des Chesnes et Loquin quittent donc Québec dans deux barques pour remonter le fleuve ; mais soudain, ils rencontrent seize canots ; ils rebroussent chemin avec ces Indiens et reviennent à l’Habitation d’où ils sont peu éloignés. Après cette traite partielle, ils repartent de nouveau.

Le 13 juillet, De Caën se présente à son tour. Lui aussi envoie DesChesnes pour ramener les Sauvages à Québec. Reçoit-il avis de l’opposition et de la résistance de ces derniers ? On ne sait, mais il quitte à son tour Québec le 16, et Champlain l’accompagne. « Nous fîmes voile, dit ce dernier, avec quatre barques, chargées de marchandises pour la traite ». C’est le triomphe des Indiens pour l’année 1623 au moins. Ils imposent leur lieu de traite : Cap de Victoire.

Sagard, le futur historien, narre les détails pittoresques de cette expédition dont il fait partie avec les Pères Nicolas Viel et Joseph Le Caron. Dans chaque pinasse se tient un missionnaire « pour contenir les matelots en leur devoir et prendre soin des prières qui se font soir et matin en tous les bords où les catholiques dominent ». C’est le temps des guerres de religion en France, et catholiques et protestants se querellent chaque fois qu’il faut choisir la proue ou la poupe pour réciter les prières. Puis, « tous les soirs on posait l’ancre, dit encore Sagard, et aux heures du jour que les vents nous étaient contraires on faisait halte, et pendant ce temps-là on s’allait promener sur la grève, et dans les bois clairs et ouverts ».

Ces barques, qui égrènent ainsi leurs psalmodies sur le fleuve, s’arrêtent aux Trois-Rivières ; les passagers visitent l’endroit et reçoivent un chaleureux accueil du missionnaire récollet qui y habite. Ils s’embarquent de nouveau, rêvant aux villages et aux villes que peut contenir cet immense et fertile pays, et ils arrivent le 23 juillet, une semaine après, au Cap de Victoire, « où déjà s’étaient cabanés le long du