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en vous conseillant de ne faire point de bruit, et de vous retirer au plus tôt. Que si le peuple sait que vous veniez en ce lieu, pour exécuter les commandements des Messieurs du Conseil, vous courez fortune d’être noyés dans le port de la Chaîne, à quoi je ne pourrais remédier ». Réponse bien cavalière et ironie un peu lourde. Encore un peu de temps, et Richelieu mettra ces braves gens à la raison ; il leur inspirera un peu plus de respect pour les Messieurs du Conseil. Mais en attendant les contrebandiers ont beau jeu et, forts de cette protection, ils envoient librement de nombreux navires en Nouvelle-France.

En 1621, quand les deux compagnies sont absorbées par leur conflit, des bâtiments viennent de France à la dérobée. Au début de la saison, le sieur Dumay rencontre, en approchant de Tadoussac, « un petit vaisseau voleur de Rochelois » ; d’un bord à l’autre, on s’entend parler. Mais les contrebandiers possèdent un meilleur voilier ; ils s’esquivent, et « ce fut une belle occasion perdue, parce que ceux qui étaient dedans avaient traité nombre de pelleteries ».

Plus tard, quand Champlain et De Caën se querellent à Tadoussac, la même situation se répète : « Cependant que l’on s’amusait à toutes ces contestations, il y avait un petit vaisseau rochelois, qui traitait avec les Sauvages, à quelque cinq lieues de Tadoussac, dans une île appelée l’Île Verte, où ledit sieur de Caën envoya après notre départ ; mais c’était trop tard, les oiseaux s’en étaient allés un jour ou deux auparavant, et n’y trouva-t-on que le nid, qui était quelque retranchement de palissades qu’ils avaient fait pour se garder de surprise pendant qu’ils traitaient ; l’on mit bas les palissades y mettant le feu ».

En 1622, la contrebande sévit surtout à l’automne, après le départ des navires de la Compagnie. À Québec, Champlain apprend la présence à Tadoussac d’un navire basque sous le commandement d’un individu du nom de Guerard : « Il était armé de quatre