e sieur Chauvin de Normandie jouit pendant trois
années d’un monopole du commerce des fourrures
dans la Nouvelle-France. Il construit une habitation
à Tadoussac en 1600. De Monts l’accompagne
dans l’un au moins de ses voyages ; Pont-Gravé y
prend une part dirigeante parce qu’il fréquente le
Golfe et le Saint-Laurent depuis un certain temps et
qu’il est un habile capitaine de marine.
Lorsque Chauvin meurt d’une maladie contractée au Canada, c’est Aymar de Chaste qui hérite, bien malgré lui, des privilèges et du monopole. Chargé d’étudier les plaintes des marchands et des pêcheurs qui demandent que la traite soit libre, il organise, avec une compagnie de gentilshommes, l’expédition de 1603. Il désigne Pont-Gravé pour en prendre charge. Puis il demande à Champlain de se joindre à ces navigateurs « pour voir le pays, et ce que les entrepreneurs y feraient ». Pensionnaire du Roi, Champlain répond que cette offre l’intéresse, mais qu’il ne peut s’éloigner sans un ordre de la Cour. M. de Chaste obtient cette permission pour son protégé, « avec lettre adressante à Pont-Gravé, pour que celui-ci le reçut en son vaisseau, lui fît voir et reconnaître tout ce qu’il pourrait, et l’assistât de ce qui lui serait possible en cette entreprise ».
En 1603, Champlain aborde donc au Canada pour la première fois. Personnellement, il ne connaît encore rien du pays. Et le seul rôle qu’Aymar de Chaste lui confie est celui d’observateur.
Champlain descend à Tadoussac le 24 mai. Trois jours plus tard, il visite des Indiens campés à la pointe « Saint-Mathieu » ; il rencontre là des « Etchemins, Algonquins, et Montagnais, au nombre de mille ». Ces guerriers reviennent d’une expédition de guerre contre les Iroquois ; à l’entrée du Richelieu, ils ont rejoint leurs ennemis « dont ils avaient tué quelque cent » ; mais en même temps, ajoute Cham-