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À partir de ce moment, Champlain lui aussi connaît bien la situation des tribus au Canada et leurs relations. Il vient d’apprendre que c’est dans un conflit non pas latent ou dormant, mais en pleine violence que les Français se jettent.

Pendant quelques années, ce pacte reste lettre morte. Champlain et De Monts se dirigent vers l’Acadie et s’établissent au Port-Royal. Le premier ne revient en Nouvelle-France qu’en 1608. Cette année-là, il choisit l’emplacement de la future capitale, il construit une résidence, il fait exécuter certains défrichements. Mais il entre aussi en contact avec les Indiens ; il n’en fera mention que l’année suivante, mais dans des termes qui indiquent bien que, dès la première minute, il est un continuateur de la politique de 1603.

En 1609, en effet, la saison de la traite arrivée, Champlain quitte l’Habitation en barque avec quelques hommes. À l’île Saint-Éloi, en face de Batiscan, il rencontre deux cents Indiens, « nations de Sauvages appelés Ochateguins, et Algonquins, qui venaient à Québec, pour nous assister aux découvertes du pays des Iroquois, contre lesquels ils ont guerre mortelle ». Sous le nom d’« Ochateguins », il faut reconnaître les Hurons. Se sont-ils rendus là par hasard ? Sont-ils venus de si loin sans invitation ?

Yroquet et Ochateguin, les deux chefs, montent sur la barque de Champlain, et, après les cérémonies usuelles, ils adressent des harangues à la foule des guerriers massés tout près sur le rivage. Champlain, apprend-on de ces orateurs, avait vu le fils d’Yroquet, l’année précédente, en 1608. « Je lui avais fait bonne réception, et désirions les assister contre leurs ennemis, avec lesquels ils avaient dès longtemps la guerre… ; ayant toujours désiré la vengeance, ils avaient sollicité tous les Sauvages sur le bord de la rivière de venir à nous, pour faire alliance avec nous, et qu’ils n’avaient jamais vu de Chrétiens, ce qui les avait aussi mus de nous venir voir, et que d’eux et