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Page:Desrosiers - Dans le nid d’aiglons, la colombe, 1963.djvu/131

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nouvelle geneviève

Elle sera devant Québec dans un nombre de jours que l’on suppute avec assez d’exactitude. C’est l’alarme, presque une panique. Anne Barroy donne encore connaissance de l’événement à Jeanne Le Ber. Mais celle-ci « assura qu’on n’avait rien à craindre, et que la très Sainte Vierge serait elle-même la gardienne du pays ». On thésaurise les paroles de la recluse, comme il faut bien le penser, on se rattache à la confiance qu’elle met dans la Mère de Dieu.

Et l’on sait les faits extraordinaires qui arrêtent net cette invasion dangereuse : l’épidémie qui décime l’armée de terre de même que la dissension ; l’impétuosité de la tempête, dans le Golfe, qui pousse les navires sur les récifs. Malgré qu’on en ait, il faut évoquer des scènes bibliques du même genre quand le Dieu des armées détruisait les forces ennemies. On se souvient de sainte Geneviève protégeant Paris. Le point qu’il faut retenir, c’est le prix que le peuple attacha aux prières de la recluse ; il eut foi en elle ; il recourut à celle qui, la nuit, priait sur la ville. Il brisa sa clôture pour obtenir son intercession. M. Dollier de Casson, dans son oraison funèbre, sut parler de « ladmirable solitaire » qui avait « tant de fois détourné par ses prières de dessus nos testes les fléaux dela guerre et dela peste ». Par le mot « peste », voulait-il indiquer cette épidémie de variole qui fit bon nombre de victimes, même à la Congrégation de Notre-Dame, vers l’année 1703 ?

Sûrement, les Sulpiciens connaissaient mieux que d’autres, tous les secrets de la réclusion de Jeanne Le Ber et ils savaient de quel poids pouvaient être ses implorations auprès de Notre-Dame, Marie, et auprès de Dieu. C’est le mot Providence qu’ils plaçaient dans leurs propos et non pas celui de hasard que nous adoptons trop souvent. De cet événement, maintenant