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deux lignées

Et le 16 du mois de juin, elle donne naissance à une fille dont le père est Michel Messier « habitant pris par les Iroquois le 24 mars dernier et on ne sait s’il est mort ou en vie ». Elle n’est pas la seule dans cette désolation. Sa sœur Jeanne, Madame Jacques Le Ber, qui attend elle-même un enfant, vient auprès d’elle pour la consoler. Elle sera la marraine de la petite Jeanne que l’on porte au baptême. Cinq jours plus tard, avant même que l’accouchée ait repris ses forces, des ambassadeurs goyogouins paraissent dans la place. C’est probablement son frère, Charles Le Moyne, qui cherche auprès d’eux des renseignements sur le sort de Michel Messier. Les Onneyouts, paraît-il, l’ont brûlé. On célèbre ses funérailles en même temps que celles d’autres victimes. Des mois se passeront. Puis soudain se clamera une nouvelle étonnante : Michel Messier n’est pas mort, il est toujours prisonnier. Il reviendra dans quelques mois et l’on imagine au milieu de quelles explosions de joie sauvage.

Le 4 juillet de la même année, c’est Catherine Primot, la femme de Charles Le Moyne, qui met au monde un fils, Pierre, appelé à un destin de gloire. La marraine sera de nouveau Jeanne Le Moyne.

Puis les escarmouches se multiplient autour de Ville-Marie. De nombreux colons succombent, d’autres deviennent prisonniers. Deux Sulpiciens seront atrocement massacrés. Le secrétaire du Gouverneur subira sans crier une journée de tortures. Les tragédies se succèdent.