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Et naît la colombe

C’est entre les échauffourées que naît, le 4 janvier 1662, une petite fille vagissante, Jeanne Le Ber. La fondatrice de l’hôpital, Jeanne Mance, lui donnera son prénom en acceptant d’être sa marraine ; et le gouverneur, Monsieur de Maisonneuve, sera son parrain.

Jusqu’à l’âge de quatre ans, l’enfant grandira dans des circonstances qui ne se modifient pas. La guérilla ne s’apaise un peu que pour reprendre plus vive. Il règne un climat de crainte pour les parents et les amis, pour Ville-Marie et pour la Nouvelle-France. Alertes répétées, surprises sanglantes, recours à Dieu et aux saints. On assiste à la Messe, on communie et on prie.

Nous ne savons rien de la première enfance de Jeanne. Avec ses frères, ses cousins, elle joue sans doute parmi les jambes des guerriers. Elle reçoit sa première formation d’adultes qui vivent l’épreuve et en resteront à jamais marqués. On peut supposer que les femmes qui prennent soin d’elle, qui réclament à Dieu la protection de leurs maris, de leurs frères, ont recours aux prières de la pureté de cette âme.