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rayon de soleil à l’hôtel-dieu

du combat dans les campagnes. Toutefois, ma sœur Macé était très avancée dans les voies du renoncement, de la sainteté et elle faisait une supérieure hors pair. Si elle monopolisait les besognes ingrates, pour alléger le sort de ses compagnes, elle les conduisait avec humilité et un doigté à nul autre comparable. C’est par ces dons particuliers qu’elle exerça une réelle influence sur Jeanne Le Ber.

Ces religieuses qui accueillent la fillette, terminent l’esquisse de son caractère. D’abord, elles rappellent des paroles de leur fondatrice :

« Mademoiselle Mance a Dit plusieurs fois qu’elle étoit surprise du raisonnement Et des Réflexions quelle lui faisoit aparaître ». Jeanne lui confiait : « O que nous sommes Méchants dene pas faire sa volonté » ; ou « Comment nous pardonnera til tant de fautes ». Jeanne Le Ber était « gaye » ; elle avait un « enjoüement naturel » ; son « tempérament » est « plain de vivacité ; elle montre une « humeur enjouée » ; elle a un « bon naturel ». Fort vive, elle sait se mettre en colère.

Trait amusant, elle est douée d’une volubilité sans frein : elle s’exprime avec facilité ; son élocution a de l’abondance et de la netteté. Surtout de la rapidité. Un peu plus, elle serait une petite pie. Les mots ne coulent jamais assez vite de sa bouche tant elle a de sentiments et d’idées à énoncer. Cette loquacité, comparable à un torrent, les Ursulines et ses historiens la mentionneront. Jeanne ne la perdra pas dans ses entretiens avec son directeur de conscience. On nous la peindra bien, dans des scènes amusantes, si bien racontées, qu’elles feront tableau. Sous cet aspect, elle demeurera toute sa vie, la fillette pétulante, primesautière, intense, dont les reparties enchantaient