Page:Desrosiers - Dans le nid d’aiglons, la colombe, 1963.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
la « petite demoiselle » à québec

de l’histoire, de la littérature. Elle s’adonnera à de nombreux arts féminins : la couture, le tricot, la dentelle, la broderie, le dessin, la calligraphie. En somme, le programme n’est pas très différent de celui de la Congrégation. Et Jeanne exerce, sur les lieux, quelques dons artistiques qui se manifesteront plus tard.

Autant que l’on peut en juger à distance, elle fait sa première communion avec ferveur. Elle manifeste ensuite des traits plus rares : par exemple, elle sait se mortifier ; elle méprise la vanité à un degré étonnant. Sur ces deux points, elle semble porter la marque des années terribles de Montréal. Rubans et colifichets ne l’attirent pas du tout. On rapportera de petits faits pour le prouver et qui témoignent aussi de la vivacité de son tempérament.

Et surtout, dans l’adolescente, on remarquera une curieuse tendance. Soudain, on la cherchera, en récréation par exemple ; elle sera absente. S’est-elle évadée ? On la retrouvera en prière, dans la chapelle, devant un oratoire. A-t-elle contracté cette habitude à Montréal, sous la direction de sa mère, lorsque la chapelle des Hospitalières, encore église paroissiale, était voisine de son domicile et qu’il fallait prier pour le père et les oncles en péril ? S’agit-il d’une disposition profonde et comme naturelle ?

Dans ce « séminaire », elle rencontre des jeunes filles de la meilleure société. Se soucie-t-elle de paraître ? Elle a toujours l’élocution facile, s’exprime bien et vite, jouit même d’une certaine beauté. Elle sait parler en public. Les religieuses veulent cultiver cette faconde naturelle. Mais elles se heurtent à une autre tendance d’une force égale : l’adolescente ne tient pas à se mettre en évidence, à devenir un point de mire. Elle est la candidate aux rôles effacés. Le louange est un fruit auquel