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IROQUOISIE

tionne Van Rensselaer, est le suivant : du jour ou la Nouvelle-Hollande sera forte, elle imposera sa politique à sa voisine. La Nouvelle-Hollande d’aujourd’hui, l’état de New-York de demain, est contiguë à l’Iroquoisie ; leurs frontières sont communes. Les Iroquois peuvent être à l’abri des attaques venant de la Nouvelle-France, la distance les protégeant dans cette direction ; mais la distance ne les protège pas contre les Hollandais ou les Anglais qui leur succéderont. Aussitôt que ces derniers auront acquis quelque puissance, l’Iroquoisie devra les redouter, les surveiller, les étudier ; elle devra devenir souple, deviner les volontés, les désirs, de ces voisins. Toujours se jouera un jeu subtil entre les puissants Hollandais ou Anglais et les Iroquois ; mesurer la force de l’autre et s’arrêter dans l’opposition avant le point précis qui amènerait une rupture. L’Iroquoisie est vulnérable pour ceux qui habitent l’Hudson, Fort Orange est à quarante-cinq milles de la première bourgade des Agniers ; les Français demanderont même un jour la permission de passer par là pour détruire le peuple iroquois. Les sagaces sachems seront-ils incapables de comprendre ce fait important pour eux et ses conséquences ? De plus, il faut le noter tout de suite : toutes les tribus iroquoises ne sont pas à égale distance de la Nouvelle-Hollande ; un détachement hollandais atteindrait facilement les Agniers ; plus difficilement les Onneyouts ; ce serait une entreprise difficile que de se rendre chez les Onnontagués, les Goyogouins ou les Tsonnontouans. Alors, il y aura des degrés dans la souplesse iroquoise : les Agniers apprendront très vite qu’ils sont à la merci de leurs voisins européens ; les Onneyouts seront fort souples aussi ; la résistance ne durcira parfois que plus à l’ouest, chez les tribus hors de la portée d’une attaque. Ce sont des faits qu’il faut garder en mémoire.

Mais pendant que se développe Rensselaerswyck, la future Shenectady, que les quelques seigneurs hollandais combattent pour obtenir le privilège de la traite, le commerce des fourrures à Fort Orange s’augmente par sauts et par bonds. D’après quelques