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Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/147

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IROQUOISIE

Hollandais ont gagné ce chef qui veut maintenant conduire les siens à Fort Orange pour la traite des pelleteries et les porter à une rupture avec les Français. Le traité de paix qu’il a négocié était un premier pas dans cette voie. Il a des complices. Nombre de ses compatriotes parmi les plus huppés ont accepté ses idées. En un mot, les Français croient que les Hollandais ont mis ces Indiens dans leurs intérêts soit par des présents, soit par des plans dont les Algonquins tireraient de grands bénéfices.

Quels sont les faits exacts qui conduisent à la rupture de la paix ? Ils demeurent mystérieux. La Grenouille et bon nombre de ses compatriotes retournent en Iroquoisie. Ils sont tous brutalement massacrés : « Car voulant frayer le chemin chez l’Étranger (Fort Orange) par les terres de ses ennemis (Iroquois), qu’il croyait avoir gagnés, ils (les Iroquois) ont trempé leurs mains dans son sang, l’égorgeant misérablement avec tous ceux dont l’orgueil nous faisait plus de résistance »[1]. Cette phrase n’a pas toute la clarté désirable, mais elle s’interprète de la façon suivante : désirant ouvrir une route commerciale jusqu’à Fort Orange, en passant sur le territoire iroquois, projet pour lequel il croyait avoir gagné les Iroquois, La Grenouille est misérablement massacré avec ses compagnons. Si les mots cités plus haut ont cette signification, ils cadrent bien avec la politique iroquoise telle qu’énoncée par Rensselaer, à l’effet que les Iroquois ne veulent pas laisser passer les autres tribus indiennes sur leurs territoires pour se rendre avec leurs pelleteries à Fort Orange. Et les Algonquins du Canada, ayant tenté de les jouer, à la sollicitation des Hollandais, sont assommés à la première occasion. En un mot, les Hollandais semblent bien avoir tenu tous les fils de cette affaire qui se termine au fond comme ils le désiraient : la rupture de la paix entre Algonquins et Iroquois empêchera les mêmes Algonquins et les Français de venir en Iroquoisie pour y rafler d’autres fourrures, et pour établir une dérivation des pelleteries iroquoises vers la Nouvelle-France. Bogaert a exécuté sa menace.

  1. RDJ, 1636-33.