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IROQUOISIE

il parle d’un emplacement situé sur le flanc de la colline et que l’on appelle encore en 1623 « le fort des Iroquois »[1]. Remontant le fleuve Saint-Laurent, de Québec aux Trois-Rivières, en 1634, le père Paul le Jeune écrira la brève notation suivante : « Les sauvages m’ont montré quelques endroits où les Iroquois ont autrefois cultivé la terre »[2]. Parlant des Iroquois et des Algonquins, les Relations diront ce qui suit : « C’est une chose pitoyable de voir périr devant nos yeux ces pauvres peuples (algonquins) à mesure qu’ils embrassent la foi… ; la maladie, la guerre et la famine sont les trois fléaux dont il a plu à Dieu de frapper nos néophytes… Cette maladie n’eut pas plutôt cessé, que la guerre, qui jusques alors leur avait été si avantageuse qu’ils s’étaient rendus maîtres du pays de leurs ennemis et les avaient battus partout, commença, et a continué depuis à leur être si funeste qu’ils ont perdu tous leurs meilleurs guerriers, ont été chassés de leur propre pays, et ne font plus maintenant autre chose que fuir la cruauté des Iroquois… »[3] Sœur Morin apporte un témoignage plus direct encore : « Ce qui soit dit à la louange des premiers habitants du Montréal méritèrent par leur valeur de passer tous unaniment pour bons soldats par les coups généreux qu’ils firent contre les ennemis, qui de leur part leur en voulais aussy, plus qu’aux autres terres habitées du Canada, à cause, disent-ils, que celles-ci leur appartient et que leurs ancêtres y ont toujours demeuré comme en leur habitation de choix et d’élection. »[4] Et ce témoignage ne manque pas de valeur, car des Iroquois étaient souvent soignés à l’hôpital et c’est pour ainsi dire leurs paroles qui sont rapportées. Nombre de passages confirment ces vues. Et la conviction collective s’exprima plus tard dans le mémoire de La Chesnaye où se trouve le passage suivant : « C’était une tradition qu’ils (les Algonquins) avaient chassé les Iroquois dudit lieu de Québec et des environs où était autrefois leur demeure. L’on nous montrait leurs bourgades et leurs villages couverts de bois (envahis par la forêt) ; et à présent que les terres sont en valeur par le défri-

  1. Gabriel Sagard, Histoire du Canada et voyages que les frères mineurs Récollets y ont faits pour la conversion des infidèles, Édition Tross, p. 272.
  2. Relations des Jésuites, édition de Québec, 1635-158.
  3. Idem, 1644-2.
  4. Sœur Morin, — Annales de l’Hôtel-Dieu de Montréal, p. 158.