Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
208
IROQUOISIE

obtenir des quantités plus grandes de pelleteries, il faudrait obliger les Agniers, de gré ou de force, à laisser passer sur leurs territoires les Indiens du Canada qui faisaient la traite sur le Saint-Laurent. Si en 1640, les fourrures manquent soudain, si les Agniers en apportent moins à la factorerie, Van Rensselaer connaît probablement la source du mal.

Et la solution qu’il indiquera l’an suivant, en 1641, indique à n’en pas douter qu’il connaît l’épuisement des fourrures en Iroquoisie. Au lieu, en effet, de chercher des moyens d’augmenter le volume de la traite entre Iroquois et Hollandais, il porte de nouveau ses regards plus loin, au dehors des frontières de l’Iroquoisie. Voici ce qu’il écrit à Toussaint Muyssart le 6 juin 1641 : « Je n’ai pas perdu l’espérance, si Dieu me prête quelques années de plus, de dériver vers la colonie une grande partie des fourrures des Indiens qui font maintenant la traite avec les Français au Canada ; et rien ne m’attriste plus que le fait que nous nous disputions l’un avec l’autre au sujet de vétilles alors que nous négligeons ce qui peut produire des profits. Cependant, j’espère qu’à l’avenir on paiera plus d’attention à cette affaire ; rien ne me plairait plus que de recevoir avis et conseils de vous et de vos confrères »[1].

Dans un volume intitulé « The Wars of the Iroquois », George T. Hunt accepte ces deux lettres comme une preuve de l’épuisement des pelleteries en Iroquoisie. Bientôt, d’autres faits le marqueront plus nettement. En pratique, c’est à partir des années 1637-40, que les Iroquois tentent de s’emparer du convoi des pelleteries qui descend de Huronie en Nouvelle-France. Reçoivent-ils à cet effet des conseils des Hollandais, des employés ou des tenanciers de Van Rensselear ? L’une des lettres précédentes l’indique suffisamment. Et pour qu’ils s’exposent aux dangers qui accompagnent ces expéditions dans le voisinage des Français, pour que les Hollandais ne reculent pas devant les difficultés internationales, il faut que les pelleteries fassent singulièrement défaut en Iroquoisie.

  1. Van Rensselaer Bowier Manuscripts, p. 553-4.