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IROQUOISIE

au fort, les Français délibèrent. Que faire ? Ils n’ont pas de troupes à leur disposition. Et comment des soldats se rendraient-ils en Iroquoisie, au milieu de l’hiver, comment assiégeraient-ils des bourgades pour délivrer ensuite des prisonniers ? Ils sont impuissants. Pour leur part, les Algonquins croient que Marguerie et Godefroy ont déjà subi le supplice du feu.

Les Agniers, semble-t-il, ont visé deux fins en cette expédition d’hiver : surprendre des groupes algonquins, massacrer des ennemis ou les capturer ; puis s’emparer des pelleteries accumulées pendant quelques semaines de chasse.

Les deux prisonniers sont jeunes, actifs, délurés, habitués au climat. Vivre à l’indienne ne leur réserve aucune surprise. Le voyage, par la route du Richelieu, couverte de glace et de neige, ne les effraie pas. Ils arrivent aux bourgades. Pierre Magnan, Brûlé, ont vu les Iroquois chez eux. Marguerie et Godefroy y demeurent. Non-seulement les Agniers, mais les Iroquois des autres tribus viennent les voir. Ils les obligent à se lever afin de mieux les examiner : « …Quelques uns, diront plus tard Marguerie et Godefroy, se moquaient de nous, d’autres nous menaçaient de nous brûler, d’autres nous portaient compassion ». C’est un spectacle étrange que celui de ces hommes de l’âge de fer aux mains des hommes de la pierre polie… Parmi les spectateurs se trouvent d’anciens prisonniers des Algonquins qui ont vu les Trois-Rivières et Québec ; ils savent que les Français ne torturent pas leurs prisonniers de guerre et même qu’ils n’ont que bons traitements pour eux. L’un de ceux-ci se souvient bien même des attentions que Marguerie et les Jésuites ont eues pour lui. Ces Agniers reconnaissants prendront la défense des prisonniers. Ils diront à Godefroy et Marguerie de ne rien craindre. Un Algonquin captif en Iroquoisie les avertira vite qu’ils auront la vie sauve.

Cependant, si le sort des prisonniers n’avait dépendu que des Agniers, ils auraient probablement subi le supplice. Ce sont les Iroquois des autres tribus