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IROQUOISIE

de troncs d’arbre. Puis l’impatience semble le saisir. Il envoie Marguerie et Godefroy aux Trois-Rivières. Ceux-ci reviennent au fort et ils disent à M. de Champflour que les Iroquois le sollicitent de se rendre sur la rive sud pour commencer immédiatement les pourparlers. M. de Champflour hésite à se mettre à la merci de ce gros détachement. Enfin, il ne s’y résout pas, et il envoie à sa place le père Paul Ragueneau et Jean Nicolet qui connaissent la langue huronne.

L’impatience des Iroquois est naturelle. Un délai assez long doit s’écouler avant l’arrivée de Montmagny. Le père Ragueneau et Nicolet tenteront de les calmer. Ils se présentent dans le fortin. Au cours d’un conseil qui a lieu tout de suite, ils déclarent que les Français ont été heureux de revoir les deux prisonniers ; il plaît à tous également d’entendre des paroles de paix ; ils ajoutent enfin que le Gouverneur les a envoyés sur place pour apprendre exactement leurs propositions. Les Iroquois répondent qu’ils veulent tout de suite exécuter la cérémonie qui accompagne la libération des prisonniers afin de rendre leur liberté à Godefroy et à Marguerie. Ils offriront aussi des présents pour inviter les Français à construire une factorerie ou un poste en Iroquoisie ; si l’offre est acceptée, toutes les tribus iroquoises viendront là à la traite. Nicolet et le père Ragueneau répondent qu’ils prennent bonne note de ces propositions, mais enfin que seul Montmagny peut leur donner une réponse. Les Iroquois prononcent de longues harangues. Ils parlent de l’état de leur pays et « des désirs qu’avaient toutes les nations iroquoises, de se voir liées avec les Français »[1].

Le lendemain, une pirogue iroquoise vient se promener en face du fort. L’un des canotiers crie aux Algonquins : « Prêtez-moi l’oreille, je viens pour traiter la paix avec toutes les nations de ces quartiers, avec les Montagnais, avec les Algonquins, avec les Hurons ; la terre sera toute belle, la rivière n’aura plus de vagues, on ira partout sans craintes »[2]. Les Algonquins qui l’écoutent n’ajoutent pas foi à

  1. RDJ, 1641-47.
  2. Idem, 1641-41.