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IROQUOISIE

succès. Mais l’entreprise était dangereuse. Les Iroquois continuent ensuite le transport de leurs canots et bagages dans le second fortin. Ils s’y réfugient en bonne partie. Mais pour donner le change aux Français, ils entretiennent un feu dans le premier ; leurs arquebusiers s’y tiennent un moment ; puis s’abritant derrière les arbres, ils dirigent un feu bien nourri sur les embarcations. Ils visent avant tout la barque où se trouve le Gouverneur ; mais les pavois sont solides et les balles s’y logent. À la nuit, tout le détachement iroquois débouche sur le fleuve à moins d’un mille en amont de son fortin. Les embarcations françaises découvrent trop tard les pirogues qui fuient ; elles tentent de les poursuivre, mais elles ont contre elles les vents et la marée. Des canots algonquins les prennent en chasse ; mais ils sont peu nombreux et le Gouverneur les rappelle bientôt.

Pendant ces vaines négociations, le second détachement iroquois bloquait toujours le fleuve au lac Saint-Pierre. Il attendait le convoi huron qui ne voyageait pas en formation serrée, mais se dispersait en petits groupes souvent fort éloignés les uns des autres et faciles à surprendre. À un moment donné, il découvre deux canots qui ramenaient le père de Brébeuf et quelques Français ; ceux-ci réussissent à s’échapper. Cinq canots hurons qui les suivaient sont moins heureux. Leurs occupants sont massacrés, capturés vivants. Quelques uns peuvent fuir cependant. L’un d’eux atteint les Trois-Rivières ; d’autres remontent le fleuve afin d’avertir leurs compatriotes qui descendent. Les Iroquois pillent des pelleteries.

Quelques jours s’écoulent. Les pères Paul Ragueneau et René Ménard partent avec des compagnons pour la Huronie lointaine. Ils rencontrent une dizaine de sauvages qui leur assurent que les Iroquois sont toujours aux aguets sur le fleuve.

Ils doivent revenir aux Trois-Rivières. Là, ils demandent une escorte aux Algonquins ; ceux-ci les renvoient aux Montagnais de Sillery. Les Montagnais sont bientôt prêts à fournir huit canots bien montés.