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IROQUOISIE

contre des antagonistes de l’ouest. Les peuplades des sources du Richelieu étaient engagées de même au sud dans de violents conflits. Quelques anciens auteurs décrivent les méthodes de combat. Le fait militaire le plus important du demi-siècle qui suit est l’expulsion des Iroquois qui vivaient dans la vallée du Saint-Laurent.

C’est dans une phrase incidente que Champlain, révélera, beaucoup plus tard, la date de l’ouverture du conflit entre les Algonquins et les Iroquois. En 1621, ces deux peuples entament en effet des négociations de paix, et il écrira alors que les uns et les autres étaient « las et fatigués des guerres qu’ils avaient eues, depuis plus de cinquante ans »[1]. Le long duel aurait donc commencé vers 1570, et même quelques années plus tôt, c’est-à-dire une trentaine d’années après le voyage de Roberval, une vingtaine d’années après que Tadoussac fut devenu un lieu régulier de traite. Des Français ont donc suivi de loin les principales péripéties de ce grand combat ; s’ils avaient écrit, nous les connaîtrons probablement aujourd’hui.

Poètes et historiens ont assigné des causes diverses à cette guerre. Quelques traditions parlent d’une Hélène iroquoise, d’amours et d’infidélités ; d’autres racontent des aventures de chasse, des meurtres et des trahisons. Tous s’accordent pour affirmer qu’une période de paix entre les deux nations a précédé le conflit. Cette époque peut avoir suivi l’invasion iroquoise. Sagard affirmera que les Algonquins habitaient dans des bourgades et cultivaient le sol ; que les Iroquois les ont chassés et les ont rendus nomades. Mais ensuite les antagonistes vivent dans une tranquillité profonde, les uns à côté des autres et même les uns parmi les autres.

Les auteurs modernes n’ont pas de sentimentalité. Ils cherchent des causes économiques. Il se peut que, devenues trop nombreuses, ces deux nations aient eu difficulté à subsister ensemble dans la vallée du Saint-Laurent. En 1535, les Iroquois de Québec ne souffrent-ils pas déjà de famine ?

  1. Œuvres de Champlain, édition Champlain, v. 1. p. 78.