Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
IROQUOISIE

compatriotes veulent immédiatement le venger par des massacres. Ce premier meurtre est du mois de juillet 1642, il indique des relations fort tendues. Le voyage de Corlaer en Anniéjé a lieu deux mois plus tard. Enfin, dans les premiers mois de l’année 1643 une guerre éclatera entre les Indiens de l’Hudson et les Hollandais. C’est la première. Accompagnée de grands carnages, elle durera jusqu’en 1645.

Dans ce conflit, de quel côté se jetteront les Agniers ? Soutiendront-ils les Indiens de l’Hudson, les Hollandais, ou resteront-ils neutres ? Question importante, car les Hollandais sont faibles et pourraient facilement être broyés et détruits entre les Indiens de leurs territoires et les Agniers. C’est la première, mais non pas la dernière fois qu’elle se pose. Or, les Agniers qui ne sont pas trop bien disposés envers les Hollandais avant le voyage de Corlaer, ne se joindront pas aux Indiens de l’Hudson contre les Hollandais, mais demeureront neutres. Bien plus, on les accusera assez justement d’avoir penché du côté des Hollandais. Fort Orange et la colonie de Rensselaerswyck demeureront en dehors de la zone de guerre. Que les Agniers n’aient pas compris l’inquiétude des Hollandais, ni deviné leurs appréhensions, c’est ce qu’il ne faut pas croire. En diplomates futés, ils ont sans aucun doute saisi ce que la Nouvelle-Hollande désirait d’eux et ce qu’il fallait exiger en retour. Armes à feu, munitions, est-on tenté de penser assez souvent, et main libre du côté de la Nouvelle-France. Car le fait se reproduira plus d’une fois : quand la Nouvelle-Hollande est engagée dans une guerre contre ses propres Indiens, les Agniers et ensuite les Iroquois commettent leurs pires déprédations en Nouvelle-France.

On ne sait trop dans quelle mesure le gouvernement de la Nouvelle-Hollande est engagé lui-même dans ces négociations et ces manigances. Kieft représente une vaste compagnie pour laquelle le commerce des fourrures est petite affaire et qui l’abandonnera en 1644. Il faut plutôt regarder dans le moment du côté des traiteurs libres et de Rensse-