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IROQUOISIE

On la recueille, on la soigne et au bout de quelques jours, elle se porte très bien.

Des jours s’écoulent. Voilà qu’au début d’avril, les gens de Montréal voient des Indiens descendre sur la grève, sur la rive droite, et entreprendre de franchir le fleuve sur les glaces flottantes. C’était le parti de Pieskaret qui revenait victorieux avec un scalp. Mais d’après Dollier de Casson, les Agniers le poursuivent de près et ils atteignent le fleuve immédiatement après lui. Leur proie leur échappe, mais ils découvriraient alors l’existence de Montréal : « Dix Algonquins ayant tué un Iroquois en son pays, ils furent poursuivis de ses camarades jusqu’à la vue de ce fort… »[1].

Pieskaret se présente alors que le neveu du Borgne de l’Isle, second du nom, vient de se convertir et de promettre qu’il s’établira dans l’Île avec sa tribu. Maisonneuve a été son parrain, Jeanne Mance, sa marraine. Des conseils ont aussitôt lieu entre nouveaux venus et Algonquins de l’Île. Ils viennent ensuite communiquer leur décision à Maisonneuve : « Que ce qui était arrivé dans cette dernière guerre, où ils avaient perdu quatre personnes… les mettait en un état de changer l’ordre de leurs affaires qu’ils s’étaient proposés ; que là-dessus ils avaient résolu d’aller tous aux Trois-Rivières, où les autres étaient, jusques à la fin de l’été, tant pour faire tous ensemble le deuil des morts que pour délibérer en commun ce qu’ils feraient là-dessus ; de plus qu’ils voulaient voir pour la dernière fois si on leur tiendrait la promesse de leur donner secours contre notre ennemi commun »[2].

Les Algonquins s’éloignent donc. Ils savent qu’une fois Montréal découvert, il sera dangereux de demeurer dans l’île. Benjamin Sulte dit que durant leur marche vers les Trois-Rivières, quinze guerriers, formant l’arrière-garde de cette bande, sont surpris par les Iroquois et dispersés ; quatre sont tués, y compris un Algonquin bien connu, Paschirini. Pieskaret est lui-même attaqué et ne doit la vie qu’à la débâcle.

  1. Dollier de Casson, Histoire du Montréal, p. 43
  2. RDJ, 1643-60