Aller au contenu

Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
301
IROIQUOISIE

Le Gouverneur a racheté ces derniers le 18 mai 1645. Immédiatement après, il met à exécution le projet auquel il pensait depuis longtemps. Il ordonne à M. de Champflour de donner au chef agnier tout ce qu’il lui faut pour retourner en son pays : canot, vivres, etc. Et il charge ce prisonnier du message suivant : Onontio se souvient de la libération de Godefroy et de Marguerie ; c’est pourquoi il a sauvé les captifs iroquois des mains des Algonquins ; il a déjà sauvé et libéré de pareille façon un Sokoki qui fait partie d’une nation alliée à la nation iroquoise. Montmagny détient en plus deux autres captifs en bonne santé, « et qu’il était tout prêt de les rendre après les avoir entendu parler sur ce sujet, que l’occasion d’aplanir la terre et de faire une paix universelle entre toutes les Nations, était toute belle, qu’ils en feraient comme bon leur semblerait »[1] Montmagny suit en agissant ainsi une vieille pratique indienne.

L’Iroquois s’éloigne le 21 mai : « Il partit seul dans un canot, parce qu’on n’osa pas hasarder de lui donner des Français pour l’accompagner, dans l’expérience que l’on a de la barbarie des Iroquois »[2]. Il a promis de revenir avant que deux mois se soient écoulés. Plus tard, l’ennemi s’amusera du fait que l’on renvoie ainsi un homme seul par les grandes solitudes canadiennes.

La Nouvelle-France demande donc la paix proprement dite. Que Montmagny peut-il faire d’autre ? Il n’a pas de soldats. La Coalition laurentienne est pratiquement détruite et elle aurait besoin d’un très long répit pour se remettre. La traite des fourrures est ruinée ; elle ne se continue plus qu’avec les tribus du nord du Saint-Laurent qui viennent à Tadoussac, aux Trois-Rivières ou à Québec. Les habitants de Montréal, de Richelieu, des Trois-Rivières sont réduits à vivre dans les postes, à l’intérieur des palissades. La colonisation est pratiquement arrêtée. La Nouvelle-France est coupée de la Huronie, c’est-à-dire de sa mission catholique principale, de sa première source de fourrures ; les missionnaires

  1. RDJ, 1645-23.
  2. Marie de l’incarnation, Écrits spirituels et historiques, v. 4, p. 25.