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IROIQUOISIE

place, j’ai détourné mes yeux de peur d’irriter ma colère » ; l’orateur frappe la terre du pied, il écoute : « J’ai ouï la voix de mes ancêtres massacrés par les Algonquins… ». Le cinquième collier doit enlever du fleuve tous les canots de guerre qui y circulent ; le sixième, aplanir les obstacles naturels des cours d’eau qui conduisent de la Nouvelle-France à l’Iroquoisie ; le septième, niveler en particulier le Sault Saint-Louis, pour que les communications soient plus faciles ; le huitième rend bien douces les sentes de la forêt. Le neuvième annonce que les Français en visite trouveront toujours du bois sec et du feu dans les cabanes de l’Iroquoisie. Le dixième doit lier solidement ensemble un Français, un Iroquois, un Algonquin : « Voilà le nœud qui nous attache inséparablement ». Par le onzième, les Français sont invités à venir manger de bonne venaison en Iroquoisie et par le douzième se dissipent les nuages de mensonges qui peuvent altérer les relations des deux peuples.

Les treizième et quatorzième présents ont une importance singulière. Ils ont trait à la politique future de la Huronie. L’orateur s’adresse aux représentants de ce dernier pays, il leur rappelle ce qu’il appelle les bonnes dispositions des Agniers ; puis il ajoute ce qui suit : « Il y a cinq jours…, c’est-à-dire cinq années, que vous aviez un sac rempli de porcelaine et d’autres présents tous préparés pour venir chercher la paix ; qui vous a détournés de cette pensée ? Ce sac se renversera, les présents tomberont, ils se casseront, ils se dissiperont, et vous perdrez courage ». Le quatorzième collier souligne l’invitation : les Hurons doivent se hâter de parler ; « qu’ils ne fussent point honteux comme des femmes, et que prenant résolution d’aller aux Iroquois, ils passassent par le pays des Algonquins et des Français »[1]. Et ces paroles indiquent nettement que les Hurons, après avoir recommencé la guerre avec les Iroquois, ont entretenu sérieusement l’idée de négocier avec les Agniers et qu’ils ont été sur le point d’envoyer des ambassadeurs. Les Agniers les convoquent aujourd’-

  1. Idem, 1645-26.