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IROQUOISIE

Huronie. En août, cinq navires français mouillent l’ancre à Québec. La compagnie des Cent-Associés a abandonné la traite aux habitants. Mais la nouvelle société n’est guère plus puissante que l’ancienne, C’est au fond le même régime qui se continue. Récoltant tous les bénéfices, elle doit assumer la charge de coloniser, d’administrer, de défendre la Nouvelle-France. Elle n’est pas assez forte pour bien remplir ces devoirs ; et le Roi lui ayant affermé le pays, il s’en désintéresse.

À la fin du mois d’août, l’activité renaît sur le fleuve. Les Montagais apparaissent les premiers, suivis de près par les Algonquins. Le 10 septembre se présente le convoi de Huronie ramenant le père Jérôme Lalemant, les vingt soldats français, et enfin une grosse cargaison de pelleteries. Les principaux capitaines hurons sont présents ; ils amènent l’un des deux prisonniers iroquois que leurs compatriotes ont refusés à Montmagny l’an précédent ; le second s’est évadé en route. Ces députés « avaient ordre de tout leur pays de traiter pleinement de la paix, et de suivre les pensées d’Onontio »[1]. Algonquins supérieurs et Iroquets arrivent ensuite, le 12 septembre, le Gouverneur-général est sur les lieux. Enfin, le 15 aborde au pied de la falaise un canot monté par cinq Iroquois. Ces messagers annoncent que leur pays a reçu les présents d’Onontio et que les ambassadeurs sont proches. Au nombre de quatre, ceux-ci débarquent le dix-sept. Quatre cents Indiens écoutent du rivage la harangue que l’un d’entre eux prononce avant de quitter son embarcation. Montmagny dépêche immédiatement sur les lieux un peloton de soldats qui forment deux haies : les Iroquois avancent au milieu sous les regards de la foule. Médiateurs de la paix entre les Hollandais et les Indiens de l’Hudson, respectés par les tribus voisines, aux trois quarts maîtres de la Nouvelle-France, ils reçoivent modestement ces honneurs.

Le conseil a lieu le dix-huit septembre. Les Agniers offrent encore leurs présents les premiers. Mais cette fois, ils ont choisi comme orateur un français,

  1. RDJ, 1645-29.