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IROQUOISIE

chemins, jusques à ce que les hauts Iroquois, les Onnontagués, les Tsonnontouans et quelques autres eussent les oreilles percées, c’est-à-dire ouvertes à la douceur de la paix »[1]. Enfin, ils offrent une bande de trois brasses de grains de nacre pour allumer aux Trois-Rivières un feu de conseil permanent, et un autre collier de 3 000 grains pour alimenter ce feu. « Les sauvages, disent à ce sujet les Relations, ne font quasi aucune assemblée que le calumet avec le pétun en la bouche, et comme le feu est nécessaire pour prendre le tabac, ils en allument quasi toujours en toutes leurs assemblées, si bien que c’est une même chose chez eux, allumer un feu du conseil ou tenir une place propre pour s’assembler, ou une maison pour s’entre visiter, comme font les parents et les amis »[2].

Deux jours plus tard, soit le neuf, un second conseil a lieu. Français, Algonquins, Hurons, Iroquois sont encore présents. Guillaume Couture est cette fois l’orateur des Français et l’interprète de Montmagny. Par un premier présent il remercie les Iroquois, d’avoir observé la paix ; et par le second, il veut « témoigner le contentement qu’il recevait, voyant la terre aplanie et la hache levée et éloignée des têtes des Hurons et des Algonquins : car pour les Français, leur paix fut faite dès la première entrevue »[3]. D’après ces paroles, Montmagny tire des événements la conclusion suivante : la paix a été conclue entre Français et Agniers aux premières entrevues des Trois-Rivières en 1645 ; la paix a été conclue entre Agniers, Algonquins et Hurons aux seconds conseils qui ont eu lieu dans les bourgades des Agniers en octobre 1645. La clause secrète relative aux Algonquins n’a plus de valeur et ne s’applique plus parce que, Algonquins et Agniers ont conclu directement, sans intermédiaires, un traité de paix en Iroquoisie. Cette dernière conclusion paraît sûre. Cependant, les Français ne se portent pas garants de ce second traité, et les Iroquois savent que par la clause secrète, les Français leur ont abandonné les Algonquins païens.

  1. Idem, 1646-7
  2. Idem, p. 1646-7
  3. Idem, 1646-7