taines expéditions de chasse, de pêche ou de commerce. Elle doit se faire à Cahiagué. Champlain s’y rend à petites journées avec les dix Français qui l’accompagnent. Il parcourt une cinquantaine de milles. Il s’arrête dans cinq des principaux hameaux, enclos eux aussi de palissades. Cahiagué est un des plus vastes, il compte deux cents cabanes. Pendant ce voyage, l’enthousiasme se glisse en lui. La Huronie est un pays en bonne partie défriché et très beau. Le maïs y vient en perfection de même que la citrouille, de même que le soleil ou tournesol dont les Hurons savent tirer l’huile. Des ruisseaux rafraîchissent ces campagnes. Vignes sauvages, fraisiers, framboisiers, pommettiers, noyers, citronniers sauvages, pruniers, cerisiers, bouleaux jaunes y abondent ; çà et là s’élèvent de puissantes futaies de chênes, de hêtres, de pins et d’ormes. Et c’est sur ce territoire ondulé, accidenté, que vit une population dense qui entoure l’Ontario et le Québec du réseau de ses relations commerciales. S’embarquant dans ses minces canots d’écorce, circulant sur les rivières et les lacs qui tracent des chemins dans la forêt, elle se rend chez un grand nombre de tribus, achetant ou vendant son maïs, son tabac, les grains de nacre, les filets qu’elle fabrique, les fourrures dont elle a besoin, divers articles qu’elle manufacture. Champlain apprend ainsi à mieux connaître ce monde indien de l’intérieur du continent : chaque tribu ne vit point dans un compartiment étanche ; les unes communiquent avec les autres ; les peuples y ont des relations amicales ou hostiles ; la paix ou la guerre y règne.
C’est le 17 août 1615 que Champlain entre à Cahiagué. L’armée n’est pas prête : dès le printemps, en effet, les Hurons avaient remis l’expédition de guerre à l’année 1616. Mais ce délai n’est pas inutile. Il permet de recevoir des nouvelles des Andastes.
Ces Alliés des Hurons vivent à trois journées de marche au sud de la Confédération iroquoise. Ils lui livrent une guerre continuelle, tout comme la coalition laurentienne. Ils se maintiennent en trois bourgades parmi des tribus hostiles. Pour se rendre les uns chez