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IROQUOISIE

Ils achètent des présents d’une valeur de cent castors pour les offrir, selon la coutume, en exposant leurs propositions. Sur ce montant, Champlain contribue trente castors : il montre ainsi jusqu’à quel point il approuve ces projets. Et lorsque toute l’affaire est terminée, il écrit : « Voilà un bon acheminement ».

Mais ensuite, il oublie cette négociation. Pendant trois ans, il n’en dira mot. En 1624, il mentionnera brièvement que la paix entre Coalition laurentienne et Confédération iroquoise vient de se consommer aux Trois-Rivières. Ce dernier événement est-il le fruit des délibérations de 1621 ? Existe-t-il un lien entre les deux ? Le long intervalle a-t-il été rempli par les allées et venues des ambassades, par les cérémonies de ratification ? Ces hommes de l’âge de pierre multiplient les procédures et les formalités, de sorte que cette version est plausible. Mais d’un autre côté, une reprise de la guerre a-t-elle interrompu les pourparlers engagés en juin 1621 ? Voilà la version qu’il faudrait accepter selon certains auteurs, entre autres le père Chrestien Le Clerq et Charlevoix.

Ce dernier fait grand état d’une attaque que les Iroquois auraient lancée directement contre les Français durant l’été 1621. Il affirme qu’ils « parurent en armes jusque dans le centre de la Colonie. Ces Barbares, craignant que si les Français se multipliaient dans le pays, leur alliance ne fit reprendre aux Hurons et aux Algonquins, la supériorité sur eux, résolurent de se délivrer, avant qu’ils eussent eu le temps de se fortifier davantage. Ils levèrent donc trois grands partis, pour nous attaquer séparément… »[1]. Le premier aurait atteint l’île de Montréal où il aurait trouvé des Français. Bien peu nombreux, ces derniers se défendent avec énergie car ils ont eu vent de l’attaque. Quelques Indiens leur prêtent main forte et ils repoussent l’ennemi, lui tuant quelques victimes et capturant quelques prisonniers. Mais ils apprennent ensuite que les Iroquois ont fait prisonnier le père Guillaume Poulain, récollet, et ils les poursuivent. Ils les repèrent, ils leur envoient comme parlementaire l’un des prisonniers qu’ils détiennent ; ils le chargent

  1. Charlevoix, Histoire et description… v. 1, p. 157.