Aller au contenu

Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
IROQUOISIE

mettent les provisions en sûreté. Des éclaireurs surveillent au loin les sentes de la forêt, des sentinelles se postent dans les guérites. Si l’attaque se concentre sur un hameau, les guerriers des villages voisins accourent aussitôt, s’y introduisent la nuit pour s’enfermer avec les défenseurs.

Sagard est témoin d’une partie de ces manœuvres. Car pendant son séjour, un grand vieillard robuste, se fait l’avocat d’une guerre contre les Neutres. Ceux-ci peuvent aligner six mille guerriers tandis que les Hurons n’en ont que deux mille. Alors, quand le conflit est sur le point d’éclater, ces derniers mettent en état de défense le bourg où habite Sagard. Ils érigent un « fort réduit en forme ronde, et en un lieu assez fort d’assiette de tous côtés »[1]. Sagard et ses confrères se prononcent fortement contre cette guerre dangereuse pour la nation huronne ; ils exercent toutes leurs influences pour la paix et obtiennent gain de cause. Les Hurons n’ont-ils pas assez de leurs ennemis actuels, car « la chance se tourne aussi souvent du côté des Iroquois »[2]. La forêt s’approche de la plupart des bourgades et c’est un jeu pour l’ennemi de faire des victimes.

Sagard, comme Champlain, revient de la Huronie avec toute une moisson d’informations. Il déclare, par exemple, que les Iroquois ont cessé depuis quelques années de venir attaquer les Hurons à la Chaudière, sur l’Outaouais. Toutefois, les alliés sont toujours prudents quand ils arrivent à ce passage dangereux. Autrefois, ils se rendaient jusqu’à Tadoussac en passant par la Gatineau et l’intérieur des terres.

L’Outaouais est tout fourmillant de vie lorsque Sagard y passe. L’âme fraternelle et bonne, il examine tous les spectacles avec sympathie. À la rivière des Français, de jeunes Indiens ont capturé deux jeunes ours qui gambadent et luttent. Les éturgeons et les brochets du lac Nipissingu, sont célèbres. D’un haut poste d’observation, les Algonquins de l’île des Allumettes découvrent les étrangers qui entrent dans leur pays. Ils sont superbes et courtois ; ils savent

  1. Sagard, Histoire du Canada, p. 416.
  2. Idem, p. 429.