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Page:Desrosiers - La fin de la terre, 1931.djvu/26

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LA FIN DE LA TERRE

clamait toujours la plainte grandissante de l’onde déchirée par les rochers qui avaient résisté aux millénaires passés.

Sur la côte sud, les petites maisons blanches à esplanades, toutes pareilles, s’estompaient dans le soir triste, car depuis cinquante années l’homme avait coupé le dernier arbre de la terre. Dans ce coin de pays, comme ailleurs, le paysage était disparu, il ne restait plus que des rives broussailleuses, en bordure de la voie aérienne du monorail qui encerclait la vaste baie de Laprairie. Au delà de la Cave de la Mort, la grande ville cosmopolite étalait ses énormes constructions blanches que le couchant tout à l’heure avait dessiné comme un immense fusain aux ombres accentuées. Rien sur cette ville ne décelait l’industrie car depuis des siècles les machines productrices d’énergie n’étaient plus alimentées au charbon. Cependant à l’extrême nord de la cité montaient de gigantesques flammes vertes vers le ciel et un grésillement se faisait entendre jusqu’à Dove Castle. Les habitants du château y étaient habitués et n’y prêtaient aucune attention. C’était le chargement journalier des bouteilles de Falsten,