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Page:Desrosiers - La fin de la terre, 1931.djvu/73

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LA FIN DE LA TERRE
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de cannibalisme s’étaient déroulées à bord du radeau où régnaient l’épouvante et la folie. Géricault a peint une scène d’angoisse et il la place au moment où les survivants aperçoivent l’« Argus ». La mer semble ne jamais pouvoir redevenir calme ; l’horizon est jaunâtre tandis que des nuages d’encre envahissent tranquillement le firmament ; le vent gonfle la frêle voile du radeau. Sur les planches que l’océan disloque la scène est lugubre ; toutes les formes du désespoir y sont représentées. L’un des naufragés est fou, il est drapé d’un chiffon pourpre et ressemble à quelque dieu antique ; un autre est mort et son corps est en décomposition ; celui-ci laisse trainer son torse à la mer, cet autre est sombre comme la nuit ; il y en a qui sont frémissants, d’autres pleins de vie encore font des signaux, agitent des loques écarlates pour attirer l’attention du brick.

« C’est une peinture effroyable d’un naufrage et de ses conséquences, mais que serait le naufrage de la terre en comparaison de celui-là ? Il faut donc se résigner à abandonner la coque pourrie qui nous porte. »