Page:Dessaulles, Fontaine - Examen critique de la soi-disant réfutation de la Grande guerre ecclésiastique de l'Honorable L.A. Dessaulles, sans réhabilitation de celui-ci, 1873.djvu/10

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EXAMEN PAR UN FAILLIBLE.

comme celle du Père… Si quelqu’un vient à vous et ne professe pas cette doctrine, ne le recevez pas chez-vous, ne lui donnez (ou ne lui rendez pas) le salut accompagné du baiser (témoin le Ave Rabbi de la Passion suivi de l’osculatus est) ; car celui qui lui donne ce témoignage de fraternité, fait profession de communiquer à sa doctrine et à ses œuvres mauvaises : qui enim dicit illi Ave communicat operibus ejus malignis (v. II).

Soit donc pour éviter d’être séduit, soit pour ne pas scandaliser ses frères, défense de recevoir dans sa maison, en l’y invitant par le salut ad hoc, celui qui fait profession de ne pas croire en Jésus-Christ, Fils de Dieu, afin de ne pas communiquer à ses œuvres mauvaises. Mais est-il prescrit de le haïr ou de le mépriser ?… diligamus alterutrum ! … jamais d’autre sentiment permis que celui de la Charité, c’est l’Apôtre de la dilection qui le proclame, l’interprète par excellence des sentiments du divin maître, et de son cœur sacré ! Allez chercher là-dedans, la raison du je vous méprise souverainement ; le tout pour me conformer au précepte de l’Apôtre. Ajoutez, que les deux seuls motifs que celui-ci fait entendre pour ne pas recevoir quelqu’un chez soi, danger de perversion pour nous, ou de scandale pour nos frères, n’existent probablement pas pour vous, qui faites profession de ne pouvoir vous tenir en face de votre adversaire que pour le combattre.

Comme vous avez bien pris l’Esprit de cet incomparable Apôtre qui, accablé de vieillesse, apprenant qu’un de ses enfants d’autrefois, perverti depuis, était devenu chef de voleurs, oublie le poids des années, se fait monter à cheval et court après lui, en lui criant : « Mon fils, arrêtez-vous ! ne reconnaissez-vous plus votre père ? » Enfin qui l’ayant rejoint, le regagne par sa tendresse à la charité de son Dieu. Allez, encore une fois, chercher dans ces paroles et dans ces actes, la raison du je vous méprise souverainement !…

Vous ajoutez encore, toujours en vous adressant à M. Dessaulles : Votre visage est offensant, l’est au suprême degré. Je le cinglerai donc de bonne encre et je vous avertis que je m’y emploierai… Autant cette ligne trahit la violence, autant le pamphlet tout entier est empreint de faiblesse ; or ce sont les deux qualités opposées que l’Écriture demande dans les défenseurs de la Religion. Elle veut un lutteur invincible : Operarium inconfusibilem et en même temps charitable : diligamus alterutrum… vous dites encore comme pour narguer votre adversaire : Vous qui vous faites un mérite d’invoquer l’Écriture Sainte, vous conviendrez que je l’applique fort à provos. Oui vraiment, fort à propos ! la prenant vous ne savez où !… et cela pour y voir l’autorisation du mépris, au milieu même des ardeurs de la charité !…

Enfin, vous ajoutez pour terminer cette digne tirade : vous ne méritez pas plus d’égards que le gamin qui vous insulte sur la