Page:Dessaulles, Fontaine - Examen critique de la soi-disant réfutation de la Grande guerre ecclésiastique de l'Honorable L.A. Dessaulles, sans réhabilitation de celui-ci, 1873.djvu/12

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EXAMEN PAR UN FAILLIBLE.

 Les corrections sont expliquées en page de discussion

jouent un prodigieux rôle dans ce pamphlet ; il pourrait être de quelque intérêt de les compter.

Ligne suivante : M. L. e. l. r.[1]. à M. D. ; vous dites à votre page 48 : « L’humanité marche irrésistiblement — vers Dieu, son but suprême, comme le fleuve coule vers l’océan dans la durée des siècles ! Et ni l’un ni l’autre ne sauraient suspendre leur marche ou remonter vers leur source. »

Là-dessus, M. L. e. l. r., vous prétendez que M. Dess., détruit toute liberté en soumettant tout à une irrésistible nécessité. D’où il suit, que tout ce qui se passe et que blâme M. Dessaulles, arrive fatalement, et que par conséquent tout son pamphlet est superflu.

Il faut lire cela tout au long dans votre prétendue réfutation, M. L. e. l. r., pour pouvoir croire à une pareille aberration. Quoi ! est-ce introduire la fatalité, est-ce ôter la liberté aux actes humains, de dire que l’humanité marche irrésistiblement vers Dieu son but suprême, comme le fleuve coule vers l’Océan, et que ni l’un, ni l’autre, ne peuvent ni s’arrêter, ni remonter vers leur source ? Mais rien n’est plus vrai que l’humanité sort de Dieu et retourne à Dieu, rien de plus connu, rien de plus vrai, rien de plus grand, ni de plus digne pour nous. Ô, mon Dieu ! lisons-nous dans tous les livres de piété, ô mon principe et ma dernière fin, faites que je ne me détourne jamais de cette voie sublime !… Qui a jamais pensé que cette grande destination ôtât à l’homme sa liberté morale ?[2] Comment donc, M. L. e. l. r., pouvez-vous imputer à M. Dessaulles, une pareille ineptie, en lui disant comme je viens de le rapporter, qu’il détruit toute liberté en soumettant tout à une irrésistible nécessité ? Parce que nous allons nécessairement et fatalement vers Dieu, est-ce qu’il en résulte, encore une fois, que-nous sommes privés de la faculté de faire le bien ou le mal ?[2]

Ce n’est pas tout, vous ajoutez, M. L. e. r., qu’il y a encore une contradiction chez M. Dessaulles, en ce qu’il dit que l’humanité marche irrésistiblement vers Dieu, et que cependant elle ne peut, pas plus qu’un fleuve, remonter vers sa source. Mais c’est pourtant la vérité toute pure, que sortis de Dieu, nous tendons vers Dieu, et que cependant, nous ne sommes pas obligés pour cela de rebrousser chemin, et de vieillards par exemple, redevenir jeunes. Il suffit que nous trouvions Dieu partout et que créés par Lui, tirant notre origine de Lui, nous rentrions dans son sein au sortir de la vie : en son sein immense, d’où nous ne sommes même jamais sortis. Y a-t-il à dire cela la moindre absurdité ?

Donc, en voilà deux que vous imputez à M. Dess. ; 1° de dire

  1. Disons, une fois pour toutes, que ce L. et le reste, ou son abrégé L. e. l. r., peut signifier deux choses : le reste du mot ou le reste de la Société. — Le grec dirait : Kaï ta loïpa, ou par abréviation : k. t. l.
  2. a et b Si par Liberté M. L. entend dans cet article non la liberté morale de faire le bien ou le mal, mais la simple liberté humaine, naturelle ou physique, d’agir ou de ne pas agir, les mêmes raisonnements que je fais par rapport à la première s’appliquent également à la seconde, avec les changements suivants :

    — au lieu de sa liberté morale, lisez : naturelle.

    — au lieu de faculté de faire le bien ou le mal, lisez liberté d’agir ou de ne pas agir.