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N’ont-ils pas autorisé la vente des charges publiques ?

N’ont-ils pas invariablement protégé, défendu avec acharnement des amis politiques coupables de malversation, de défalcation, ou d’une incapacité notoire ?

N’ont-ils pas conseillé au Gouverneur de commettre un acte déloyal qui ternit son nom comme représentant de Sa Majesté ?

Ne l’ont-ils pas dominé au point de lui faire sanctionner, dans les intérêts de leur parti, la violation flagrante des lois de l’État ?

Ne l’ont-ils pas amené à commettre lui-même la moquerie d’une assermentation faite dans le seul but d’éluder la loi ?

Si les Procureurs-généraux, n’avaient pas été membres de l’administration ; si surtout ils n’avaient eu aucune connexion de parti, aucuns liens d’intérêt avec l’administration, auraient-ils osé conseiller la violation de la constitution simplement pour maintenir certains hommes au pouvoir ? N’étant pas eux-mêmes intéressés à ce qu’elle fut violée, n’est-il pas probable qu’ils eussent déclarés inconstitutionnels et illégaux tous ces changements de départements auxquels on n’a eu recours que pour faire indirectement ce que la loi ne permettait pas de faire directement ?

Il n’y a pas un seul homme de loi dans le pays qui ne désapprouve hautement cette supercherie ; or n’est-il pas plus que probable que si les Officiers en loi de la Couronne avaient été désintéressés dans la question, « ils auraient coïncidé d’opinion avec l’universalité de leurs confrères ? »

J’espère, Messieurs, que la crise actuelle va avoir, en dernier résultat, un effet salutaire. Elle va démontrer au peuple du pays qu’il ne « contrôle pas assez ses mandataires. »

Elle va démontrer au peuple que son silence persistant sur la maladministration des affaires publiques est regardé par les Ministres comme un encouragement, au moins une justification de leurs fautes. L’Hon. M. Sicotte n’a-t-il pas dit, de son siége de Ministre, en Chambre, que le peuple du Bas-Canada ne désapprou-