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Ce fut en Toscane même que les premiers symptômes de persécution contre le grand astronome se déclarèrent.

L’Archevêque de Florence, l’Évèque de Fiesole, et le proviseur de l’université de Pise, l’attaquèrent sans ménagement ; et d’un autre côté l’Évêque Campioli, le père Foscarini et le père Castelli le défendirent avec vigueur.

La polémique devint ardente, et Galilée ainsi que les prêtres savants et illustres qui le défendaient furent proclamés hérétiques et menacés de l’intervention du Saint Office.

Le père Caccini entre autres, Dominicain, prononça à Florence un sermon virulent dans lequel il démontrait que « la géométrie est un art diabolique et que les mathématiciens devraient être bannis de tous les États comme auteurs et fauteurs de toutes les hérésies. »

C’était là attribuer à la géométrie une tendance passablement en dehors de son objet.

D’un autre côté, Maraffi, général des Dominicains, écrivait à Galilée qu’il était peiné de ces attaques ; mais, dit-il, pour mon malheur, je participe, par ma position, à toutes les bêtises que peuvent dire trente ou quarante mille moines.

La lecture de toute cette polémique, très ennuyeuse à cause de l’incroyable prolixité de style de plusieurs de ses auteurs, fait voir clairement que le petit nombre des membres du clergé qui défendirent Galilée à cette époque étaient incomparablement supérieurs à la foule de ceux qui condamnaient ses doctrines, et s’il avait contre lui les gros bataillons, il n’y a nul doute qu’en fait de talent et surtout de savoir réel, de compétence scientifique, il ne comptât en sa faveur ce qu’on peut appeler la bonne compagnie ; car les noms de tous ses défenseurs, prêtres, sont restés célèbres dans la science, pendant que presque tous les professeurs et théologiens qui l’attaquèrent avec tant de passion et d’injustice sont aujourd’hui parfaitement inconnus. Leurs noms mêmes ne nous sont parvenus que grâce à la défense.

Les théologiens adverses à Galilée s’appuyaient principalement sur ce passage de la Bible où il est dit que Josué arrêta le soleil, pour démontrer que les nouvelles théories étaient en contradiction avec la parole de Dieu ; on citait aussi cet autre passage de la Bible : « Terra in æternum