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chapelain d’hypocrite et de fourbe, nous nous demandons avec effroi ce que nous, qui avons l’hypocrisie en horreur, serions forcés de lui dire !  ! Nous ne nous sentons nullement disposés d’ailleurs à servir d’instruments à un homme qui est lui-même l’instrument de ses supérieurs ; et nous croyons surtout que des hommes faits qui tiennent à déshonneur de déguiser leur pensée, peuvent se passer de chapelains qui ne lisent pas, en la communiquant, une lettre telle qu’elle est écrite.

On nous traite d’impies parce que nous voulons connaître par nous mêmes la vérité philosophique, scientifique et historique ; parce que nous tenons à voir les deux côtés des questions ; et nous, nous nous croyons tout aussi sensés, tout aussi sincères, et tout aussi chrétiens que nos calomniateurs en suivant à la lettre le fameux précepte de St. Paul : « Examinez bien tout, et prenez ce qui est bon. »

Et quand nous voyons les pasteurs se contredire dans leurs mandements ou dans leurs actes, on se mettre en contradiction avec eux-mêmes en parlant d’une manière et agissant d’une autre, que nous reste-t-il à faire sinon de suivre le précepte ci-dessus et de chercher par nous-mêmes ce qui est bon ?

Et enfin quand des théologiens étrangers, surpris ou affligés de ce qu’ils entendent, croient que nous chargeons le tableau quand nous leur faisons le simple récit de la manière d’agir de V. G. à notre égard ; quand nous les entendons nous dire : « Mais si les choses sont ainsi, c’est inconcevable ! » ou bien encore : « Mais c’est là une violation de devoir palpable et il n’est pas possible qu’un Évêque ait agi ainsi !… » quand nous les entendons affirmer comme théologiens que rien absolument ne s’oppose à ce qu’une association littéraire se tienne en dehors de la sphère religieuse et se compose de catholiques, de protestants, de juifs, etc., etc. — ce qui implique bien la nécessité que sa bibliothèque soit composée de manière à satisfaire les besoins de ses diverses catégories de membres ; il n’y a pas à sortir de là en dépit de tous les sophismes du monde — quand, dis-je, nous voyons et entendons ces choses et que nous les rapprochons des étranges exigences que l’on manifeste dans le seul diocèse de Montréal — car enfin je connais un Archevêque des provinces anglaises qui est membre d’une association littéraire qui contient des protestants et des catholiques et qui possède des livres à l’index, et cet Archevêque rirait bien si on lui apprenait la grave nouvelle que lui-même et ses confrères catholiques sont passibles de refus d’absolution à la vie et à la mort pour ces grands crimes ; — quand enfin nous voyons que malgré la raison, le bon sens, l’évidence et l’exemple de tous les centres intellectuels du monde, V. G. s’obstine à ne rien voir et à ne rien entendre parceque, comme me le disait un jour un prêtre sincère, l’opiniâtreté est chez elle comme une seconde religion ; ne nous est-il pas permis de penser que pourvu que l’influence hiérarchique reste dominante, les Évêques se préoccupent assez peu de voir la religion pleurer dans son coin sur les blessures qu’ils lui infligent par esprit de domination ? »

Et V. G. n’a pas même la ressource de dire que nous avons été condamnés par l’autorité compétente, car personne ne connaît mieux qu’Elle l’odieux tour de passe-passe dont les membres catholiques de l’Institut ont été victimes à Rome puisqu’il n’a été imaginé que pour Lui faire plaisir. Jamais la congrégation de l’Index n’a prononcé d’opinion dans leur appel sur la vrai question soumise, et qui était :

« Un catholique peut-il, sans être passible des censures ecclésiastiques, faire partie d’une association littéraire ayant des membres protestants et possédant des livres à l’index qui ne sont ni obscènes ni immoraux ? »

La prétendue décision dont on a fait tant de bruit ne contient pas un mot sur cette question ; donc elle n’est pas décidée quant à ceux qui l’ont posée. Et tant que la congrégation de l’index n’aura pas décidé cette question contre les appelants, ce sera