Page:Dessaulles - Les erreurs de l'Église en droit naturel et canonique sur le mariage et le divorce, 1894.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4
les erreurs de l’église

de mariage sans son sacrement et ses cérémonies[1], ou qu’elle avait le droit d’en décréter l’indissolubilité absolue, il y a toute la distance d’une vérité à une erreur, d’une idée juste à une idée fausse.

Pas plus que la société civile l’Église ne crée le mariage. Elle peut le constater, en fortifier le lien, le sanctifier même, si l’expression plaît mieux aux catholiques — quoique je ne voie pas trop comment elle peut rendre plus sainte une institution déjà déclarée sainte dans sa Bible — mais c’est dans la nature humaine elle-même que le mariage a son principe et sa source puisque l’union des sexes est le moyen de propagation de l’espèce. Tous les arguments théologiques viennent se briser ici. L’Église n’existerait-elle pas le mariage existerait toujours. Il a existé bien des siècles avant l’Église ; il existe parfaitement là où l’Église n’existe pas et il y est tout aussi respecté ; et il était bien mieux réglé et organisé dans l’Inde antique qu’elle n’a jamais su le faire. De plus le mariage existera tant qu’il y aura des sociétés humaines pendant que l’Église ne saurait longtemps encore conserver sa forme et son organisation actuelles.

Le mariage est une nécessité bien autrement fondamentale de l’existence des sociétés que l’existence

  1. Nous verrons plus loin à quelles remarquables adresses l’Église a eu recours pour tourner la difficulté en déplaçant le sacrement.