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les erreurs de l’église

trouve en Espagne. Quand les évêques d’Italie comprennent, par les effets pratiques, désastreux, de l’antériorité du mariage religieux, que le respect même du lien matrimonial et des bonnes mœurs exige celle du mariage civil, les savants évêques d’Espagne, dont nous avons vu dans un autre chapitre les hautes qualifications en science religieuse, déclarent péché mortel l’antériorité du mariage civil ! C’est comme au xviie siècle : vertu en deçà des Pyrénées, crime au-delà ! Le paradis en France, l’enfer en Espagne, pour le même fait ! Franchement, n’est-il pas temps que l’on mette fin à ces saintes farces ?[1]

  1. On n’y songeait pas encore au Brésil en 1890. Malgré les admissions forcées en Italie de l’erreur de Pie IX sur la question de l’antériorité du mariage civil ; malgré l’acceptation officielle par les clergés européens, moins celui d’Espagne, du principe de l’antériorité de la cérémonie civile, les évêques du Brésil ont protesté, avec les grandes colères de commande habituelles, contre ce principe et contre l’obligation légale pour les prêtres de s’y conformer. — Mais puisqu’on le fait en Italie ! — Cela ne signifie rien pour Nos seigneurs du Brésil qui croient faire du tort à l’idée religieuse en consentant à une chose que la morale exige. Que conclure de ce dernier fait ? Qu’il est parfaitement inutile d’essayer de parler raison au sacerdoce. Il ne cède jamais qu’à la nécessité. Les évêques du Brésil ignorent-ils que leurs collègues d’Italie ont dû accepter ce qu’eux-mêmes déclarent damnable ? Ils le savent sans aucun doute. Alors où est leur sincérité ? S’ils sont sincères, c’est qu’ils ne comprennent ni leur religion ni leur devoir. Comme cela est consolant pour leurs ouailles, au moins celles qui sont intelligentes ! Voilà donc des gens se prétendant inspirés par le Saint-Esprit et l’affirmant en toute humilité à leurs administrés, qui se mettent en guerre avec l’autorité civile à propos d’exigences abandon-