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les erreurs de l’église

taient pas ? La plus simple compréhension des choses exigeait cela puisque les non-catholiques avaient bien un peu le droit de voir respecter leurs opinions et leurs désirs, et surtout leurs droits acquis. Mais à quoi sert de parler bon sens au prêtre dont tout le système est sa négation ?

L’indissolubilité du mariage n’existait dans aucune législation de l’antiquité, — excepté celle de l’Inde — pas même dans celle dite de Moïse qui admet explicitement la lettre de répudiation. Et le Deutéronome admet la répudiation presque au gré du mari, puisqu’il dit, XXIV, 1 : « Si une femme déplaît à son mari pour quelque vice il peut la renvoyer. » Il y avait certainement là pour l’Église précepte divin. Aussi elle n’a pas de suite affirmé le principe de l’indissolubilité absolue, et pendant plusieurs siècles elle a sanctionné la restriction de Jésus. Tertullien (de Monog., liv. IV) admet la dissolution du mariage pour cause d’adultère. Origène (Homél. VII in Math.) dit que beaucoup d’évêques accordaient la dissolution du mariage pour cette raison. Saint Jérôme l’admet pour cette seule raison. Saint Épiphane et saint Ambroise aussi. On sait que celui-ci était magistrat quand il fut élu évêque. Chrysostome dit clairement que l’adultère est un dissolvant du mariage. C’est saint Augustin, le propagateur de tant d’idées fausses, qui pose le premier le principe de l’indissolubilité absolue, même en cas d’adultère, et le fait adopter en principe dans l’église