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sur le mariage et le divorce

princes se soumirent généralement aux prescriptions de l’Église sur les questions matrimoniales.

Tout ce que nous venons de voir prouve qu’il est très inexact de dire que la religion proscrit le divorce. C’est la papauté qui a fait accepter cette fausse assertion dans les temps d’ignorance, et qui décrétait en même temps des causes de nullité ridicules, quelquefois immorales, et conséquemment bien plus réprouvées par la religion qu’un divorce motivé sur de bonnes raisons. Si la papauté refuse le divorce à Philippe-Auguste au commencement du xiiie siècle, parce qu’il résistait aux intolérables exactions qu’elle exerçait dans la chrétienté, elle l’accorde précisément au même temps au misérable Jean sans Terre parce qu’il lui fait une soumission abjecte sous un prétexte honteux. Et elle refuse le divorce à Philippe-Auguste après l’avoir accordé sous de risibles subterfuges à son père Louis VII. Un siècle plus tard, elle accorde encore le divorce à Charles IV.

Enfin, au commencement du XVIe siècle, elle accorde le divorce à Louis xii sous prétexte de non consommation du mariage. Et la preuve sans réplique de cette non consommation, c’était que le roi affirmait très sérieusement qu’il n’avait jamais ôté sa chemise quand il avait partagé le lit de la reine ! Le chaste Jules ii a-t-il vraiment regardé cette charmante preuve comme péremptoire ?

Celui qui étudie le fonctionnement du système des nullités ne tarde pas à se convaincre que dans huit