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les erreurs de l’église

de l’intérêt des enfants. Mais quand il n’y a pas d’enfants ne faut-il pas forcement retomber sur le pur principe de justice envers les parties ? Et si le principe de justice est repoussé par le dogme qui doit l’emporter des deux ? Qu’y a-t-il de plus élevé, de plus sacré devant Dieu et devant les hommes, que la justice ?

Quand un dogme découle d’une injustice, ou que l’injustice en découle, c’est tout simplement un dogme faux. On ne sortira pas de là.

Et à ceux qui prétendent, pour le seul besoin de leur cause, que le divorce est démoralisateur, je me permets de rappeler les faits que voici.

En Belgique le divorce existe dans la loi et dans les mœurs. On y compte une séparation sur 235 mariages et 32.000 habitants. En France, avant que la loi n’eût accordé la faculté de divorcer, on comptait une séparation sur 152 mariages et 14.000 habitants. Donc, en France, deux séparations pour une en Belgique. Mais comparons deux pays de même population flamande. Dans le département du Nord, on a une séparation sur 197 mariages, et dans la Flandre orientale, une sur 691.

Le divorce dans la loi n’a donc pas démoralisé la population belge. Loin de là le mariage y est plus respecté.[1]

  1. Discours de M. Naquet sur le divorce à la séance du 27 mai 1879.