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les erreurs de l’église

flet a été donné ! Il n’y a pas de dogme qui tienne dans certaines situations particulières malgré les grandes protestations convenues.

Le duc s’était marié en Angleterre, pendant l’émigration, avec une jeune Anglaise de bonne famille du comté de Kent. Elle s’appelait Amy Brown. Il vit avec elle pendant quatorze ans et en a plusieurs enfants, trois je crois. Le mariage avait été régulièrement contracté, sous les dispositions de la loi anglaise, dans une chapelle catholique de Londres, il était donc rigoureusement indissoluble en droit ecclésiastique, et cela d’autant plus qu’il en était résulté des enfants.

Mais Napoléon tombe, Louis xviii remonte sur le trône de France ; il fallait un héritier pour ce trône ; cet héritier ne devait avoir dans les veines que du sang de famille princière — sans cela il y aurait eu quasi sacrilège ; — il fallait donc au futur roi une femme de sang princier. Devant pareille situation la parfaite légitimité du premier mariage ne signifiait plus rien devant les considérations politiques, et l’Église, gardienne du lien matrimonial indissoluble, fait encore ici verser toutes ses larmes à la religion pour faire plaisir à la politique. Le roi obtient du pape un bref annulant le premier mariage, et la première femme, régulièrement mariée, passe au rang de simple concubine de par le pape qui violait tout à la fois et son dogme et la justice. Quand donc a-t-on vu plus monstrueuse immoralité ?