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sur le mariage et le divorce

tentent soit donné devant le prêtre. Alors c’est donc le prêtre qui est ministre du contrat et ministre du sacrement ? Pas le moins du monde ! Le prêtre n’est

    de prouver le faux contre le vrai, et il a subi une pénitence de dix ans parce qu’il n’avait pu démontrer qu’une institution qui ne ressort exclusivement que de l’ordre de nature n’était pas exclusivement d’ordre ecclésiastique. « Comment ! Vous n’avez pas pu démontrer que mon sacrement de mariage possède tous les caractères de mes autres sacrements ! Mais c’est honteux ! En pénitence ! » Eh bien ! que l’on confie donc à quelque illustre théologien le soin de faire mieux que le P. Didon ! On n’a su qu’en 1892, je crois, qu’il y avait eu une autre raison à la mise en pénitence du rév. Père, et la dénonciation des Jésuites a fort bien pu porter sur cette raison tout autant que sur la première. Dès 1880, le P. Didon avait osé conseiller, d’une manière un peu voilée sans doute, la reconnaissance de la République par le clergé. La consécration des institutions républicaines par la majorité de la nation était si évidente même alors, malgré les grandes colères de commande des partis monarchiques, que le P. Didon vit il y a dix ans ce que Léon XIII a fini par voir lui aussi en 1891. Malheureusement pour le P. Didon il a vu clair trop tôt dans la question et la seule allusion à la possibilité d’un rapprochement de la part des monarchistes excita la colère des intransigeants de l’idée monarchique. Or quatre ans seulement après l’odieuse tentative de réaction du 16 mai, œuvre des Jésuites et des évêques, il était impossible de parler bon sens et tolérance aux ennemis jurés des institutions républicaines, et pareil conseil, quelque voilé qu’il fût, parut tout simplement scandaleux aux ennemis nés de toute liberté politique. La perspicacité que montra alors le P. Didon n’était que l’indice de tendances pernicieuses chez un prêtre et les Jésuites le dénoncèrent à Rome. Je n’affirme nullement que ce fut pour cette seule raison qu’ils le dénoncèrent, mais ce qui est certain, c’est que leur dénonciation, soit pour cette raison, soit pour l’autre, eut pour résultat de le tenir au silence pendant dix ans. Autant d’éclipse en moins infligée à la néfaste société par un prédicateur auquel elle n’avait personne à opposer.